Qu’est-ce qu’une hernie discale ?

La colonne vertébrale est composée de plusieurs vertèbres empilées les unes sur les autres. Les vertèbres cervicales (sauf C1-C2), thoraciques et lombaires sont reliées entre elles à l’aide de 23 disques intervertébraux. Ils sont composés d’un anneau fibreux avec en leur centre d’un noyau pulpeux gélatineux qui se déplace lors des mouvements de la colonne. Parmi les rôles des disques intervertébraux, on peut citer une meilleure mobilité des vertèbres entre-elles, une meilleure répartition/transfert des contraintes sur les vertèbres sous- jacentes ainsi qu’une meilleure absorption des chocs.

On parle d’une hernie discale lorsque le disque intervertébral sort de sa position initiale. La dégénérescence du disque intervertébral est un phénomène naturel lié au vieillissement et autres facteurs environnementaux. Le bombement discal ou bien le noyau pulpeux lors d’une fissure du disque peuvent venir, dans certains cas, comprimer une racine nerveuse (radiculopathie) ou bien directement la moelle épinière.

Causes ?

Le vieillissement

Avec l’âge, les disques intervertébraux perdent de leur souplesse et peuvent entrainer une hernie discale sans pour autant causer de la douleur.

La génétique

Certaines études effectuées sur des jumeaux laisseraient penser que les facteurs génétiques sont plus importants que les facteurs de risques environnementaux (tabac, obésité, posture, …) dans le fait de développer une hernie discale. Les personnes qui ont tendance à développer des hernies discales lombaires seraient plus à même de développer des hernies discales cervicales.

La sédentarité

Le manque d’activité physique entraîne un déconditionnement physique. Les muscles de la ceinture abdominale jouent un rôle d’absorption de choc, de transfert de charges et de soutien/protection de la colonne vertébrale. Lorsque ceux-ci sont faibles, les autres structures

dont les disques intervertébraux sont soumis à plus de contraintes qui à la longue peut accentuer leur dégénération naturelle.

L’obésité

La surcharge pondérale est connue pour augmenter le risque de souffrir de maladies cardio- vasculaires, de diabète ainsi que le risque de développer des hernies discales. L’athérosclérose (rétrécissement du diamètre des vaisseaux sanguins par dépôts de cholestérol), souvent associé à une des conséquences de l’obésité, peut altérer le flux sanguin des vaisseaux chargés de vasculariser indirectement le disque et de ce fait augmenter le risque de dégénération. En effet, le disque n’est pas vascularisé directement par des artères amenant du sang oxygéné avec divers nutriments. Pour expliquer la nutrition du disque intervertébral, on peut le comparer à une éponge. Lors des différents mouvements de la colonne, la variation de pression au niveau du disque permet à ce dernier de s’hydrater à travers le cartilage des vertèbres. De ce fait, maintenir une position pendant une longue période est néfaste pour le disque car cela diminue sa nutrition.

L’inflammation locale et diffuse causée par l’obésité (phénomènes hormonaux) pourrait également accentuer la dégénérescence des disques intervertébraux.

Un indice de masse corporelle (poids (kg)/taille (cm2)) supérieur à 25kg/m2 serait suffisant pour augmenter le risque de dégénérescence des disques intervertébraux lombaires.

Un traumatisme

Le fait d’avoir été victime d’une fracture vertébrale, par exemple, augmente le risque de développer une hernie discale.

Le tabac

Les fumeurs et plus particulièrement les fumeurs de plus de 10 ans augmenteraient également leur risque de dégénérescence des disques lombaires par rapport à des non-fumeurs. Le tabac aurait une mauvaise action sur la nutrition du disque notamment via une diminution de l’apport d’oxygène lié à une diminution du flux sanguin, une diminution de la synthèse de collagène ainsi qu’une présence d’inflammation locale.

Symptômes

Une hernie discale ne déclenche pas systématiquement une douleur et sa taille n’est pas corrélée avec l’intensité des douleurs. On peut avoir une grande hernie discale et ne pas présenter de symptômes tout comme on peut en avoir une petite qui peut être fort douloureuse. C’est pourquoi, l’imagerie médicale seule ne peut pas expliquer l’origine de la douleur, mais elle doit être interprétée en incluant un examen clinique précis du patient.

Parmi les symptômes, on peut retrouver une douleur locale qui peut être accentuée par certains mouvements comme la flexion, la toux voire une position prolongée. La présence d’une hernie discale peut également comprimer une racine nerveuse et provoquer des irradiations le long de son trajet comme une hypo/hyper sensibilité (dysesthésies), la présence de

fourmillement (paresthésies) ainsi qu’une faiblesse musculaire pouvant aller jusqu’à la paralysie.

Quels traitements ?

Conservateur

La plupart du temps, un traitement conservateur comprenant de la kinésithérapie, une bonne hygiène de vie ainsi qu’une médication personnalisée peut suffire pour diminuer la douleur en quelques semaines. On s’est également aperçus que les personnes souffrant de douleur de dos montrent une faiblesse musculaire des muscles du tronc, de la ceinture abdominale, déficit d’activation nerveuse et une moindre résistance à la fatigue.

Une rééducation composée de renforcement musculaire, de stabilisation du tronc, de contrôle moteur, réentrainement à l’effort ainsi qu’une éducation à la douleur a déjà montré des résultats positifs dans la diminution de la douleur, l’amélioration de qualité de vie ainsi qu’une augmentation de l’endurance des muscles.

Chirurgical

Le traitement chirurgical peut être envisagé lorsque le traitement conservateur mis en place, et dont la durée varie entre 4 à 6 mois, échoue. La chirurgie est aussi préconisée lorsque les déficits sensitivo-moteurs sont importants où bien, si nous sommes en présence du syndrome de la queue de cheval (compression de la queue de cheval pouvant mener à des troubles sensitivo-moteurs et sphinctériens). En l’absence de déficit sensitivo-moteur, la douleur seule n’est pas une indication absolue à la chirurgie.

La chirurgie consiste à libérer la racine nerveuse de la compression en retirant la hernie discale. La décompression de la racine nerveuse donne de bons résultats, mais elle n’assure pas directement une disparition de la douleur ou des troubles sensitivo-moteurs.

Une rééducation en kinésithérapie est souvent prescrite en post-opératoire pour contrôler la douleur si elle est présente et ensuite pour mettre en place une rééducation basée sur les déficiences du patient.