Qu’est-ce qu’une entorse ?

Une entorse est une atteinte ligamentaire qui peut aller de l’élongation jusqu’à la rupture totale du ou des ligaments d’une articulation. Les ligaments sont des tissus fibreux qui renforcent la stabilité d’une articulation dans une direction en reliant les os, mais ils jouent également un rôle important dans la proprioception (capacité à prendre conscience de la position des parties du corps dans l’espace). Lors d’une entorse, il y a une lésion ligamentaire et dans certains cas plus sévères des lésions tendineuses voir osseuses.

Pour simplifier, les entorses peuvent être catégorisées à l’aide de 3 grades dont la sévérité augmente avec le nombre :

Le stade 1 est le moins grave et signifie simplement une élongation du ligament pouvant être accompagné d’une raideur articulaire ainsi que d’un gonflement.

Le grade 2 est une déchirure incomplète du ligament accompagné d’une douleur, d’une raideur articulaire, d’un gonflement, d’un œdème et possiblement une incapacité fonctionnelle.

Le grade 3 est le plus sévère car il se caractérise par une déchirure totale du ligament qui est accompagnée d’une douleur, d’un œdème, d’une perte fonctionnelle ainsi que d’une laxité articulaire importante. Le grade 2 peut être

plus douloureux que le grade 3 parce qu’il y a encore des fibres de ligaments qui envoient des informations douloureuses au cerveau.

Facteurs de risques intrinsèques

  • Antécédents d’entorses
  • Trop grande laxité ligamentaire
  • Faiblesse musculaire
  • Un retard d’activation musculaire
  • Troubles proprioceptifs

Facteurs de risques extrinsèques

  • Terrains instables
  • Sport de contact
  • Mauvais chaussage

L’entorse de cheville

L’entorse de cheville est l’entorse la plus répandue surement parce qu’elle doit supporter tout le poids de notre corps. Dans 90% des cas, l’entorse de cheville se fait en inversion, en d’autres termes, le pied se tord vers l’intérieur. La douleur se situe sur la partie latérale de la cheville, mais elle peut également être présente dans le médio-pied ainsi que dans la jambe (contracture musculaire en réaction au traumatisme).

Dans ce cas, ce sont les 3 ligaments latéraux de la cheville (ligament talo- fibulaire antérieur, ligament calcanéo-fibulaire et talo-fibulaire postérieur) qui peuvent être lésés. Les articulations sous-talaires, de Chopart et de Lisfranc doivent également être inspectée pour une prise en charge correcte. Dans lasituation d’une entorse grave, il est également possible de se retrouver avec une fracture de la malléole externe ou de 5ème métatarsiens par un phénomène d’avulsion (arrachement) osseuse. Les fractures par avulsions sont surtout plus présentes chez les enfants et les adolescents parce qu’ils n’ont pas fini leurcroissance osseuse (os plus fragile).

L’examen clinique suffit à la pose du diagnostic, mais pour en connaitre la sévérité des traumatismes, une échographie ainsi qu’une radiographie de la cheville peuvent être nécessaire pour connaitre le grade de la lésion si on suspecte une grosse atteinte.

L’entorse du genou

Le genou est également une articulation sujette aux entorses notamment dans les sports de contacts, de pivots et de sauts.

Au niveau ligamentaire, le genou est principalement stabilisé par 4 ligaments. Il s’agit des deux ligaments
collatéraux (interne et externe) et de deux ligaments croisés (antérieur et postérieur). Les ménisques peuvent également être lésés lors d’une entorse, c’est pourquoi leur intégrité doit être examinée par un professionnel de santé.

L’examen clinique, à l’aide de différents tests et du contexte traumatique, suffit généralement à la pose du diagnostic. En cas de suspicion de rupture partielle ou totale des ligaments croisés, l’imagerie par résonance magnétique (IRM) est un examen de choix pour constater l’ampleur de la lésion.

Quels traitements ?

La prise en charge de l’entorse dépendra de la sévérité de la lésion. Durant les premiers jours d’une entorse, il est conseillé de protéger le ligament afin de faciliter sa cicatrisation.

Le protocole POLICE :

Protection : Immobilisation de l’articulation afin que le ligament ne soit pas soumis de nouveau à un étirement. Cela peut aller d’un simple tapping (contention) à une immobilisation plâtrée pour les entorses les plus graves.

Optimal Load : Remettre progressivement l’articulation en mouvement et en charge sans douleur.

Ice : L’application du froid sur la zone lésée peut aider à diminuer la taille de l’œdème, de l’hématome, mais également avoir un rôle antalgique.

Compression: Appliquer une compression peut aider à diminuer le gonflement qui peut réduire les amplitudes de mouvements de l’articulation. Si le gonflement devient important, l’augmentation de pression peut également stimuler des fibres sensorielles douloureuse responsable de la douleur.

Elevation : Surélever la partie lésée peut aider au drainage et limiter l’œdème.

Lorsque le traumatisme est plus sérieux (rupture totale du ligament, fracture, …), une immobilisation totale de l’articulation (plâtre) ou la chirurgie peuvent être envisagées.

La rééducation post entorse a pour but de restaurer la mobilité, la force ainsi que la stabilité de l’articulation. C’est pourquoi la phase de réadaptation se compose de mobilisations articulaires, d’exercices proprioceptifs (équilibre) et de renforcements musculaires. Il est important de reprendre progressivement ses activités professionnelles et sportives sans douleur en respectant le temps de cicatrisation du ligament. Une entorse mal soignée peut augmenter le risque de récidive et mener à une instabilité articulaire chronique.

Comme cité au début de l’article, les ligaments jouent un rôle de stabilité articulaire, mais également un rôle important dans la proprioception. En effet, les ligaments sont richement innervés par des terminaisons nerveuses qui envoient des informations utiles (position, vitesse, accélération ainsi que la direction du mouvement) à notre cerveau. Lors d’une entorse, ces terminaisons nerveuses peuvent être lésées ce qui a pour conséquence une diminution de la quantité et qualité d’information qui parviennent à notre cerveau. La perte de ces informations se manifeste par une altération du contrôle neuromusculaire menant à l’instabilité articulaire. De ce fait, il est intéressant et recommandé d’inclure des exercices de stabilité dans le programme de rééducation.